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Il n’y a plus personne à Bethléem : la situation difficile en Cisjordanie en ces semaines de guerre.

02 novembre 2023
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Il n’y a plus personne à Bethléem : la situation difficile en Cisjordanie en ces semaines de guerre.
Il n’y a plus personne à Bethléem : la situation difficile en Cisjordanie en ces semaines de guerre.

À Bethléem, c’est toujours Noël. Du moins, c’est ce qu’ils disent. Depuis le 7 octobre, la situation dans cette ville a radicalement changé. L’offensive sans précédent lancée par le Hamas sur les territoires entourant la bande de Gaza a également eu ses conséquences dans le berceau du christianisme.

« La haute saison touristique approchait et finalement cette année, il semblait que nous étions revenus aux niveaux d’avant Covid. En une semaine, j’ai reçu des annulations pour toute la saison. En une semaine, j’ai perdu trois mois de réservations, et les annulations n’arrêtent pas d’arriver. C’est ce que nous raconte R., qui travaille à l’accueil d’une maison d’hôtes à quelques pas de la basilique de la Nativité, désertée depuis plusieurs jours. Il poursuit : « La guerre a fait fuir les touristes, et maintenant que tous les points de contrôle sont fermés, on ne sait combien de temps, il n’y a plus d’espoir pour cette saison. C’est la deuxième saison qui échoue en quelques années. Je ne sais pas comment on va s’y prendre."

Basilique de la Nativité complètement déserte

Quiconque travaille dans le domaine du tourisme, pour lequel la majorité de la population de Bethléem, se trouve, une fois de plus, dans une situation extrêmement difficile. « Je travaillais à la réception d’un hôtel, évidemment je n’ai pas de contrat ou quoi que ce soit, mon patron m’a juste dit de ne pas me déranger pour que je vienne demain. » C’est ce qu’affirme K., qui s’est lui aussi retrouvé bloqué suite à la fermeture totale de tous les hôtels de la ville, qui ont été complètement vidés en quelques jours.

Heureusement, la ville n’a pas été touchée par la guerre (un luxe qui n’est pas arrivé à Jénine, une autre ville de la Gordanie occidentale récemment frappée par un raid intensif), mais plusieurs roquettes ont été interceptées par des tirs antiaériens israéliens au-dessus du ciel de Bethléem et les incursions de soldats israéliens dans la ville, qui ont eu lieu avant même le 7 octobre, sont devenues beaucoup plus fréquentes et lourdes.

« Mon fils a huit ans, depuis qu’il a entendu les bombardements le jour où le Hamas a attaqué, il ne veut plus dormir seul, il vient nous voir au milieu de la nuit parce qu’il a peur. Ma plus jeune fille, quant à elle, a recommencé à se faire pipi dessus sous le choc. Il y a quelques jours, d’autres roquettes ont explosé sur Bethléem, pour la rassurer, je lui ai dit que c’était le feu d’artifice d’un mariage, et la mienne m’a dit : « Papa, pourquoi me racontes-tu des mensonges ? ». Il a cinq ans, mais il a déjà tout compris.« Malheureusement, Bethléem, ce n’est pas seulement du tourisme et des crèches comme on finit parfois par l’imaginer, Bethléem est une ville faite de gens, de familles comme celle de M. qui nous raconte les traumatismes que vivent ses enfants ces jours-ci. « Je suis né à Bethléem, j’ai étudié à l’étranger, mais j’ai décidé de revenir parce que c’est ma maison et parce que je veux que la communauté chrétienne ici continue à survivre. Mais avec cette situation, je pense à m’échapper, à partir à l’étranger où je sais que mes enfants auront un avenir meilleur.

Et c’est ainsi que chaque année, à chaque guerre qui frappe cette terre troublée, des centaines de personnes décident de fuir, de trouver un meilleur endroit où vivre, abandonnant leurs racines. Avec la guerre, ce n’est pas seulement le tourisme qui s’arrête, mais de nombreuses activités dans la ville et pendant quelques jours, on craignait qu’Israël ne coupe l’approvisionnement en nourriture, en eau et en carburant même en Cisjordanie, ce qui ferait monter en flèche les prix des produits frais tels que les fruits et légumes, qui pendant quelques jours coûtaient quatre fois plus cher qu’avant la guerre.

Il est encore trop tôt pour savoir ce qui va se passer, la situation est très incertaine. Une chose est certaine, c’est que cet hiver, il n’y aura qu’une seule communauté chrétienne locale pour veiller sur les lieux saints de Bethléem dans l’un des moments les plus difficiles de ces dernières années.

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