« Dans ce pays, on ne peut pas penser à séparer l’enfant des événements politiques, parce qu’il y est constamment exposé, trivialement à la maison à la télévision. Ils ont besoin d’aide et d’une aide immédiate.
C’est par ces mots que Shahd Souri, directeur du Spafford Children’s Center de Jérusalem, raconte les conséquences que la guerre, qui a commencé le 7 octobre, a eues sur les enfants. L’énergie de Shahd est engageante, et lorsqu’il parle de la réalité du centre, beaucoup de courage et de passion pour son travail transparaissent.
Centre pour enfants Spafford : Mission
Au cœur de la vieille ville de Jérusalem se trouve le Spafford Center, une institution profondément enracinée dans la communauté et l’histoire de la ville. Elle a été fondée en 1881 par la famille américaine Spafford, venue en pèlerinage à Jérusalem, en réponse au besoin urgent de soins de santé pour la population locale. Le centre, d’abord orphelinat, a ensuite été transformé en hôpital. Après 1967, le centre a été maintenu par la famille Spafford en tant qu’œuvre humanitaire dédiée au service de la communauté de Jérusalem.
« La mission du centre est d’offrir de l’aide aux personnes dans le besoin et de leur fournir un service indépendamment de leur religion, de leur culture, de leur origine ethnique ou de tout type de milieu social qu’elles ont », a déclaré Shahd.
Activités à Spafford Children’s Center
Diverses activités ont lieu à l’intérieur du centre.
« Le Spafford Children’s Centre offre une approche multidisciplinaire qui consiste en un programme d’enseignement de rattrapage, une éducation spécialisée pour les enfants ayant des troubles d’apprentissage et des séances d’orthophonie, d’ergothérapie, de musicothérapie et de thérapie par le théâtre. En outre, nous promouvons également des programmes pour l’autonomisation des femmes et des jeunes, nous avons différents types d’activités culturelles et récréatives pour les enfants et les adultes, et nous proposons un camp d’été pour les enfants et les parents pendant les vacances.
Jérusalem : défis quotidiens
Cependant, le centre n’est pas à l’abri des difficultés rencontrées par la communauté dans laquelle il opère. Les tensions politiques et la fermeture des postes de contrôle qui contrôlent l’accès à Jérusalem empêchent les enfants et leurs familles d’accéder aux services du centre.
« Vous connaissez la situation de tension et d’instabilité qui s’intensifie souvent à Jérusalem », a déclaré Shahd En période de tension, les points de contrôle sont fermés pour des raisons de sécurité, empêchant les enfants d’atteindre le centre à temps pour leurs séances de thérapie. Les mères elles-mêmes hésitent parfois à envoyer leurs enfants assister aux séances, à cause des troubles. La fermeture de la ville est un gros problème parce que dans notre centre, nous recevons beaucoup d’enfants de la zone C de la Cisjordanie, qui n’ont pas le droit à une thérapie.
Aux difficultés causées par la situation d’instabilité à Jérusalem s’ajoutent les difficultés causées par la pauvreté.
« De nombreux habitants de la vieille ville vivent en dessous du seuil de pauvreté et n’ont pas les moyens de payer ne serait-ce qu’une petite somme lorsqu’ils s’inscrivent. C’est pourquoi, en tant que centre, nous essayons d’offrir nos services gratuitement à toutes les familles qui n’ont pas les moyens de les payer.
Malgré les défis posés par les difficultés quotidiennes que vivent les habitants de Jérusalem, le Centre Spafford s’efforce par tous les moyens de continuer à fournir ses services d’assistance à ses bénéficiaires.
« Nous avons décidé d’apporter quelques changements aux séances de thérapie et dans certains cas, nous avons décidé de reporter le semestre afin de permettre à tout le monde d’y participer. Afin de ne pas laisser nos bénéficiaires seuls, nous organisons parfois des séances de conseil en ligne avec les parents, comme ce fut le cas pendant la pandémie. Nous avons également activé une hotline après les événements du 7 octobre.
Un engagement qui produit des résultats
Le travail accompli par le centre est crucial pour soutenir la communauté locale. Il existe de nombreuses histoires positives de familles qui ont demandé de l’aide et qui en ont bénéficié.
« Nous avons des millions d’histoires de réussite que je pourrais mentionner », a déclaré Shahd En particulier, je me souviens de l’histoire d’une famille que nous avons reçue. Composés de dix enfants, ils vivent en dessous du seuil de pauvreté, partageant une maison de deux pièces, sans espace pour que les enfants puissent jouer. La mère elle-même est exposée à la violence domestique de la part de son mari et ne peut pas offrir à ses enfants la sécurité qu’elle souhaiterait. Elle s’est donc tournée vers nous pour obtenir de l’aide. Trois de ses enfants n’arrivent pas à se concentrer à l’école, ils ont pris du retard par rapport à leurs camarades. Lorsqu’ils sont à la maison, ils sont souvent isolés dans leur chambre, incapables de parler et ont du mal à dormir pendant la nuit. Nous avons tout de suite remarqué qu’ils souffraient de graves traumatismes dus à la violence dans le contexte familial. Ainsi, après avoir reçu deux semestres de thérapie par le théâtre et des séances de conseil psychologique avec l’assistante sociale, les enfants peuvent enfin exprimer ce qu’ils ressentent, s’intégrer à leurs camarades de classe et sourire. C’est toujours agréable de voir le sourire des enfants qui témoigne de leur amélioration. Nous n’oublions pas que nous ne travaillons pas seulement avec les enfants, mais aussi avec les parents, en essayant de les éduquer sur la façon dont la violence domestique affecte non seulement eux-mêmes, mais aussi leurs enfants.
Pro Terra Sancta pour le centre pour enfants de Spafford
Shahd est très reconnaissant du soutien que Pro Terra Sancta a apporté à cette réalité.
« Votre engagement a fait une différence pour de nombreux enfants et familles que nous avons soutenus », dit-il avec gratitude, « nous sommes fiers de travailler avec vous et espérons poursuivre cette collaboration à long terme, si Dieu le veut ! »
