« Ici, la rencontre avec l’autre, l’ouverture au différent, ne représente pas un choix mais un fait, notre vie quotidienne ».
La voix pleine et ronde, une cadence des Pouilles que plus de quarante ans ont vécue au Moyen-Orient ne peuvent cacher ; Le père Quirico Calella, franciscain de Terre Sainte, est à Tripoli depuis huit ans, une ville portuaire du nord du Liban, la deuxième plus grande ville du pays après la capitale Beyrouth.
D’où vient votre vocation ? Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter votre pays et à rejoindre le Liban ?
La vocation n’est pas quelque chose qui se découvre en un instant ; C’est un voyage qui prend beaucoup de temps. Je me souviens quand, enfant, j’ai rencontré deux frères franciscains de la Custodie de Terre Sainte ; une rencontre qui m’a marqué au point de me décider à aller à Rome pour fréquenter le Petit Séminaire. De là a commencé un voyage qui m’a conduit dès ma majorité à partir pour la Terre Sainte : je me souviens encore des larmes de mon père à l’aéroport, ce fut un choc qui m’a obligé à chercher encore plus les raisons de mon choix.
Après mon ordination à Rome en 1975, j’ai été envoyé à Nazareth où je suis resté dix-huit ans, puis transféré à Acre où pendant vingt et un ans j’ai été curé et recteur de l’école catholique. En 2016, j’avais déjà commencé plusieurs projets mais mon Supérieur m’a demandé de tout abandonner pour m’installer à Tripoli au Liban, un pays que je ne connaissais pas du tout. Je suis parti par obéissance et, une fois arrivé, j’ai travaillé dur pour m’intégrer dans ma nouvelle maison ; Cependant, j’ai trouvé une certaine fermeture de la part des personnes que j’ai rencontrées, il semblait que personne ne voulait me permettre d’accéder à ce monde.
Un nouveau choc alors...
Oui, une nouvelle épreuve à laquelle je me suis retrouvée confrontée dans mon parcours vocationnel. Ce qui m’a permis d’avancer, c’est, d’une part, la confiance que j’avais en mes supérieurs qui avaient pensé à moi pour cette tâche, et d’autre part, mon désir de découvrir les plans de Dieu en ce lieu. J’ai donc commencé à travailler et à organiser des événements pour promouvoir et faire connaître notre Mission ; une méthode qui se poursuit aujourd’hui et qui a permis non seulement aux chrétiens, mais aussi à de nombreux musulmans, d’être informés sur les nombreux projets sur lesquels nous travaillons.
Par exemple?
Ces dernières années, nous avons construit un centre sportif où nous accueillons un camp d’été pour les enfants et où il y a aussi une salle de judo où ils organisent des compétitions au niveau national ; une clinique pédiatrique a alors été ouverte que nous avons appelée Francis and the Sultan – un nom qui implique notre intention de créer un lieu de dialogue et de soutien pour toute personne dans le besoin, à laquelle nous avons également associé cette année la gynécologie. De plus, nous distribuons des colis de nourriture et de médicaments et aidons les familles à payer les frais de scolarité dans une société qui, ces dernières années, a connu une croissance exponentielle du nombre de pauvres, même parmi les chrétiens.
Que signifie promouvoir le dialogue au Liban ?
Depuis plus de 800 ans, la Custodie de Terre Sainte œuvre chaque jour pour promouvoir la rencontre avec l’autre ; Après tout ce temps, on pourrait s’attendre à un résultat meilleur que le résultat actuel, mais là n’est pas la question. Au lieu de cela, il est nécessaire de continuer à travailler et de laisser à Dieu le soin de tirer les ficelles.
En 2021, je me suis consacré, avec quelques amis, à l’écriture de l’opéra musical « François et le sultan » : le résultat a été un spectacle que nous avons monté quatre fois, deux fois à Tripoli et deux fois dans notre capitale. En particulier, le 25 mars 2022, l’exposition a eu lieu au siège de l’UNESCO à Beyrouth ; À cette occasion, une grande partie du gouvernement national, qui ne s’était pas réuni depuis un certain temps, s’est réunie pour assister à l’événement.
Habituellement, lorsqu’une crise éclate, des domaines tels que la musique sont les derniers à être relancés ; nous, en revanche, nous avons voulu qu’ils soient les premiers : ce sont, en effet, les outils essentiels pour recommencer et permettre à notre mission de devenir, avec l’aide de saint François, un véritable centre de dialogue et de rencontre.
Article par Alberto Perrucchini
Photographies (la première, la deuxième et celle qui est en évidence) de Giovanni Dinatolo